Europe Centrale, mai 2011
Remontons maintenant vers le nord-ouest du continent à la découverte des grandes villes de l’Europe Centrale.
Budapest. Vienne. Prague. Les anciennes capitales de l’Empire austro-hongrois ont, selon les époques et les peuples, fasciné, fait rêver, parfois effrayé.
Magnifiques, elles n’en demeurent pas moins aujourd’hui, de véritables usines à touristes.
Budapest
Vienne
Prague
Berlin offre en revanche un visage plus intéressant.
Postdamer Platz
Ville détruite à 70% par les bombardements Alliés 1945, divisée en 1949 puis séparée par un mur en 1961, ville en partie soumise aux normes de l’urbanisme stalinien pendant 40 ans, cité enfin réunifiée en 1990, la capitale allemande est en perpétuelle transformation depuis.
Le vent du changement souffla jusque dans les ruines de notre République. L’été arriva et Berlin fut le plus bel endroit sur Terre. On avait l’impression d’être au centre du monde là où les choses bougeaient et où nous bougions avec elles.
Ainsi s’exprime Alex, le sympathique personnage du joli film de Wolfgang Becker Goodbye Lénine, mettant en scène la chute du régime communiste en R.D.A. et ses conséquences directes.
A quoi ressemble Berlin-Est aujourd’hui ? Quel a été le quotidien des Ossies, ces Allemands de l’est ? Comment ont-ils vécu ces changements ?
Visitons le petit musée de la Deutsche Demokratische Republik, situé à proximité de la célèbre avenue Unter den Linden, bordée de monuments anciens telle l’Université Humboldt.
Université Humboldt - Unter den Linden
Le petit établissement a pour objectif de renseigner le public sur la vie quotidienne en R.D.A. On peut s’installer au volant d’une Trabant, ce qui amuse beaucoup les enfants. Enfants auxquels cette histoire de mur doit paraître bien étrange… On y découvre également la mode, la publicité, les conditions de travail… Des intérieurs d’appartements ont été reconstitués. Le fonctionnement du système politique et économique est expliqué, tout comme celui de l’armée…et celui de la Stasi, la police politique.
En matière de nourriture, les Berlinois de l’est ont connu une restriction. Elle était abondante mais peu variée Pommes, pommes de terre, choux rouges et blancs. Voilà à quoi se résumait la consommation quotidienne. Mais pour trouver autre chose, il fallait se lever de bonne heure ! Les magasins proposant des tomates par exemple, étaient pris d’assaut. Ce qui explique les fameuses files d’attente que les télévisions occidentales ne se privaient pas de montrer.
Filons maintenant vers Friedrichstrasse afin de visiter le Musée de Checkpoint Charlie, aménagé dans un ancien appartement en 1963. Cet établissement préserve la mémoire des drames associés à l’existence du Mur. L’exposition principale relate à travers des documents d’époque la division de Berlin depuis 45, la construction de Mur et surtout les tentatives d’évasion réussies ou non pour rejoindre l’Ouest. Les candidats usaient d’imagination. Ils étaient capables de se cacher dans des valises, des haut-parleurs des réservoirs de voiture et même des machines à souder. Les tentatives les plus spectaculaires (en montgolfière et tunnel), ont fait l’objet de films. L’exposition est agrémentée des œuvres d’artistes montrant leur vision de Berlin.
Poursuivons notre route plus au nord, vers la Bernauer Strasse où se trouve une portion vierge de toute inscription du Mur, figée pour l’éternité dans son aspect originel Le côté ouest de la rue est coloré, tandis que l’est, bien que transformé, n’est encore qu’un vaste chantier. Le mémorial d’allure plutôt glaciale, est doté d’une riche documentation. Depuis la plate-forme d’observation du centre, on peut juger de la brutalité avec laquelle « le rempart de protection antifasciste » a brisé la vie de certaines personnes. Tel le jeune Peter Fechter, tué par balle à 18 ans. Première victime du Mur.
Prenons enfin le métro, en direction de Berlin-Lichtenberg, précisément au coin de la Normannenstrasse et de la Ruschestrasse. Le temps semble s’être arrêté au milieu des années 60 ou 70. Les grands immeubles aux couleurs austères et aux logements standardisés se répètent à l’infini.
Les cinéphiles avertis reconnaîtront peut-être le lieu. C’est en effet ici qu’a été tourné l’excellent film de Florian Henckel von Donnersmarck, La vie des autres, mettant en scène un capitaine de la Stasi chargé de surveiller un dramaturge qu’il finit par protéger.
Arrêtons-nous au numéro 103 de la rue. C’est le siège de la police secrète de la R.D.A., la Stasi. Les immenses bâtiments abritent aujourd’hui les archives de la police politique, encombrant héritage que la population peut venir consulter, et un petit musée dont il est difficile de trouver l’entrée.
Si le rez-de-chaussée est consacré aux techniques de propagande utilisées par les autorités notamment auprès des plus jeunes, des photos, documents ainsi que toutes sortes d’appareils utilisés pour surveiller les citoyens est-allemands sont exposés à l’étage, depuis les micros cachés dans des prises de courant, jusqu’aux caméras dissimulées dans des lieux aussi insolites qu’une poubelle ou un arrosoir.
Attention, Lénine vous regarde !